Coordination Internationale des Alpes Occidentales

Prince…mais quelle mouche vous a-t-elle donc piqué ? / Mr Jacques HENNOT

25/12/2014 23:08

Né à quelque deux cents mètres des remparts de votre Château , un beau jour d’avril 1947 (tiens la même année de naissance que vous !!) , au n° 11 de la rue de la baille dorée, j’ai passé une bonne partie de mon enfance à jouer dans le Bolewerk ( fortification défensive donnant sur la place Bara , face à l’hôtel de ville d’Antoing) et à y inventer, avec les amis de l’époque , mille et une aventures moyenâgeuses.
Je me souviens même , qu’à l’aide de pétards (fort en vogue à l’époque) , nous pensions venir à bout de cet ouvrage d’art , qui en a vu d’autres depuis sa construction .

Je me souviens aussi des glissades vertigineuses , dans la rue Alevale (ancien fossé), couverte à l’époque de 30 cm de neige, naturelle , et encore de ces courses qui me permettaient,avec mon minuscule vélo à pédalier continu ( et sans freins ) de battre les meilleurs dans cette côte naturelle.
Il est vrai que le seul téléviseur noir et blanc du quartier se trouvait, au coin de la rue de Condé, chez Solange et que nous en profitions tous à travers la vitrine de son magasin.

Plus tard, habitant dans la Grand-rue , toujours à l’ombre du Château , et tout contre son enceinte ,je me souviens avoir « assisté » », le soir , tapi dans l’herbe, à de prestigieuses réceptions que vos parents organisaient dans le parc.En parlant de réceptions , le souvenir de mon beau-père , Raphaël , qui a contribué à son niveau (le service de table) à leur réussite , me revient également .C’est de lui en fait que j’ai hérité une photo couleurs de votre mariage.

Nous avons donc vécu une partie de notre enfance dans le même environnement , mais pas du même côté des murs et pas dans le même monde culturel cependant.

Amené à lancer le Foyer culturel début des années 80 (dans la foulée de la maison de jeunes pluraliste « La Hotte » , que nous avions lancée en face de la gare), j’ai tout de suite pris conscience que nous disposions d’un patrimoine particulièrement riche, mais malheureusement complètement sous-exploité (à l’époque seuls deux retraités assuraient les visites très occasionnelles du château ).

Le Château , qui inspira aussi le titre de nos premiers périodiques ( « Au bas du Catiau ») et notre logo (conçu par Bernard Dewasmes) , était évidemment une des pièces maîtresses de ce patrimoine , ainsi que les fours de Crèvecoeur. Il était donc logique de tenter de le valoriser autrement , avec notamment les techniques de l’époque , en réalisant , entre autres, un fondu enchaîné permettant d’en révéler l’histoire et la face cachée.

C’est à cette occasion que nous nous sommes rencontrés pour la 1ère fois et que j’eus l’occasion de vous interviewer. Vous défendiez clairement à l’époque l’idée que votre préoccupation principale était la gestion de votre patrimoine (naturel notamment) et que le monde de la politique et de l’économie ne vous intéressait pas.
Auriez-vous révisé complètement votre vision du monde et le rôle que vous comptez y jouer aujourd’hui, en participant à une entreprise telle que ce Centre de glisse « de Ligne Land » que vous souhaitez favoriser et qui sera , inévitablement , énergivore et préjudiciable pour notre environnement humain et naturel ?

Sans vouloir développer ici l’ensemble des arguments en défaveur de ce projet , j’aimerais souligner tout simplement ceci.

Il y a aujourd’hui deux manières complètement contradictoires et rarement compatibles de faire du « développement local » :

Soit on s’appuie sur des « gros machins » qu’on parachute , là où le terrain est politiquement propice, à coup de millions d’euros et d’arguments technocratiques divers et on crée quelques centaines d’emplois ( souvent moins nombreux d’ailleurs et bien moins valorisants qu’annoncés et … les « riverains » n’ont qu’à s’adapter, voire s’aligner).C’est le modèle de développement des années 60 , avec ses zonings , ses subsides aveugles aux investisseurs étrangers ; modèle complètement obsolète aujourd’hui mais toujours aussi destructeur)

Soit on s’appuie réellement sur les potentialités et les aspirations locales : humaines , naturelles , architecturales…. qu’on identifie et valorise progressivement - et avec lesquelles on co-conçoit et co-construit , avec tous les acteurs concernés , des projets intéressants…et qui font sens ( par rapport à l’avenir de notre village-planète et les vrais besoins et désirs de tout un chacun ) des projets qui sont respectueux et de l’environnement et des habitants concernés qui ont aussi leur expertise à apporter dans le processus mis en place.

Prince, il vous faut choisir

  •  ou renforcer ce courant suicidaire et dépassé
  •  ou contribuer au sauvetage de notre planète (qui a bien besoin d’être elle-même respectée) et au bien-être des habitants de notre région.


Notre respect à votre égard sera à ce prix.

Jacques HENNOT - Juillet 2008